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André Bessière

La jeunesse engagée

André Bessière

 

     

André Bessière vit l'exode avec ses parents. Un exode où hommes, femmes, vieillards et enfants se font pilonner par les avions allemands. Il voit son premier mort. Il n'a alors que 13 ans et demi. 

Le 18 Juin 1940, il apprend l'appel du général de Gaulle et se promet de rejoindre ce général dont le nom, disait-il, semblait sorti tout droit des profondeurs de l'Histoire. 

Après l'armistice de Rethondes le 25 Juin, ses parents décident de rentrer à Paris. Le 11 Novembre 1940, il rejoint les rangs des étudiants qui manifestent à l'Etoile à Paris. 

Il apprend par son beau-frère qui travaille dans une usine à Vierzon qu'il est possible de passer la ligne de démarcation, ce qui lui servira plus tard.

Il entre dans la Résistance à l'âge de 15ans grâce à l'intermédiaire d'un client ami de son père. Il participe à diverses actions et missions : collages d'affiches dans 2 collèges et un lycée, déménagement d'imprimeries clandestines, jouer le client de son chef en vélo-taxi lors de missions, couvertures de sabotages (gare de l'Est à Paris). Il devient le chef de groupe avec la responsabilité de trois camarades. Il a une couverture car ses proches ne sont pas au courant de son activité en tant que résistant : il prétend participer à une association sportive. Il prend conscience des risques encourus lorsqu'il voit un jeune se faire descendre et lorsqu'il est surpris avec son camarade par trois miliciens à deux reprises. Il décide de quitter Paris le 4.

Novembre 1942 en train pour rejoindre Vierzon où il traverse le Cher à la nage et rejoint la sœur d'un camarade. Mais son mari le fait partir au plus vite. Il part donc seul pour une traversée des Pyrénées dans le but de rejoindre l'Espagne. Il croit parvenir en Espagne mais il commet une erreur et est arrêté. Il est remis aux gardes-mobiles français qui vont pratiquement le laisser le filer. Quelques jours plus tard, de retour à Paris, il donne des explications fumeuses à ses parents qui font mine de le croire.

Ensuite, pour ne pas être repéré, il porte une moustache et des lunettes et demande à ne plus avoir de missions dans son quartier du 10e arrondissement. Interdit de lycée à la suite de dénonciations pour dépôts de tracts dans la classe, il passe sa première partie du bac grâce à un camarade.Ses parents ne soupçonnent rien : il a juré de ne parler de son engagement à personne, pas même à ses parents. Le directeur ne le dénonce pas et le fait admettre au lycée Louis le Grand.

Le 2 Janvier 1944, veille de la reprise des cours, il est surpris à la sortie du lycée Ledru-Rollin ; il devait entretenir l'esprit de la Résistance et faire savoir que les collaborateurs seraient jugés après la victoire et la libération. Ce sera sa dernière mission. Reconnu, il doit fuir et part à nouveau pour l'Espagne avec l'espoir de rejoindre les FFL (forces françaises libres) par l'Afrique. Cette fois, il a point de chute ; l'hôtel du Cinquin à Perpignan mais celui-ci étant infiltré, il s'échappe, trouve un train, mais est arrêté à la citadelle de Perpignan. Il y subit plusieurs interrogatoires « musclés ». Il est finalement mis en cellule commune. 

Il est finalement transféré à Compiègne Royallieu, antichambre de la déportation, le 29 Janvier 1944. Il y rencontre le poète Robert Desnos et ils feront tous deux partie du départ du 27 Avril 1944 qui les mènera à Auschwitz-Birkenau où ils seront tatoués d'un matricule sur l'avant-bras gauche (celui d'André est le n°185074) avant d'être transférés au camp de Buchenwald, puis celui de Flossenbürg d'où ils seront envoyés à Flöha en Saxe.

Le poète sera son compagnon de châlit, ensemble ils connaîtront l'enfer des marches de la mort qui dureront du 14 au 26 Avril 1945, soit douze jours, et parviendront à Terezin où ils seront libérés par les Russes le 7 Mai 1945. Le poète y décédera tandis qu'André est victime du typhus. Il a la chance d'y survivre et est rapatrié par avions sanitaire le 27 Juin 1945. Transporté directement à l’hôpital de La Slapêtrière, ses parents passent devant son lit sans le reconnaître : il pèse 35 kg. Il a 18 ans et demi.

 

Il dira : 

 « la seule Résistance possible était de ne pas mourir ».

« Il ne faut jamais baisser les bras »,  il ne les a jamais baissés

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