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L'engagement de la jeunesse

 

 

Au lendemain de l'Armistice, les plus touchés sont les jeunes. La propagande Maréchaliste suscite chez les jeunes le même clivage que chez les adultes. La jeunesse est un enjeu important que ce soit pour les Maréchaliste ou pour les Gaullistes car elle incarne la rébellion.

Leur soif naturelle de liberté s’accommode bien avec l'esprit de la Résistance menée par le Général de Gaulle. C'est cette jeunesse qui imagine les premières formes de la Résistance : manifestations spontanées, graffitis, tracts... Les scouts, les éclaireurs, les mouvements catholiques de la jeunesse agricole, ouvrière, et étudiante... tous animés par un patriotisme sincère. 

    Les jeunes, dans la Résistance, occupèrent une place importante,

comme les autres résistants. 

  

Choisir de s'engager dans la résistance n'est pas un acte innocent, et la famille, la culture, l'éducation que chaque jeune a reçue conditionnent ce choix. Il peut s'engager au nom d'un certain patriotisme né dans la cellule familiale ou de convictions chrétiennes ou politiques.

 

Il peut aussi s'engager de manière spontanée, en réaction à la politique Maréchaliste qui vient s'inscrire en opposition à ses valeurs morales. Il peut s'engager par refus, en réaction aux événements : le refus du régime mis en place, le refus de la politique antisémite, le refus de la STO (Service de Travail Obligatoire), le refus de la déportation…

LES PREMIÈRES MANIFESTATIONS

Les premières manifestatons

Les premières manifestations

Manifestations des jeunes le jour de l'armistice de la première guerre mondiale. Celle de Paris est réprimée par la violence et donne plusieurs morts et de nombreux blessés, mais aussi d'importantes arrestations. 

1940

« Rien n’est trop difficile pour la jeunesse »

-Socrate

Pierre et Jean-Paul Lavoix, Reynold
Lefebvre, Christian et Guy Richard

Ils rejoignent l'Angleterre à la suite de l'appel du 18 Juin, où ils sont reçus par Churchill après une traversée de la Manche de cinq jours en canoë. Quatre d'entre eux intègrent l'Ecole des Cadets qui prépare les jeunes à intégrer les FFL.

 

Au début de l’occupation, la Résistance n’est pas organisée. Mais, les premières formes de

résistance apparaissent instinctivement chez les jeunes. L’école devient le foyer, l’épicentre de

vagues de contestations, allant d’actions anodines à de grands mouvements. 

Des actions anodines ?

Tous les moyens sont bons pour exprimer son mécontentement et son indignation. L’un lance une insulte à  un SS dans la rue, un autre redécore un portrait du maréchal qui figure dans chaque salle de classe, un troisième lui lance des boulettes en papier. L'hymne « Maréchal nous voilà » est remixé et connaît diverses variantes. Viennent aussi les graffitis : des V de la Victoire, des croix de Lorraine, des insultes aux autorités vichyste et nazies ou encore des appels à la Résistance. Mais, ces actions spontanées inquiètent les enseignants et les directeurs des établissement. Les élèves sont rapidement sanctionnés, renvoyés et font parfois même l'objet de rapports qui sont divulgués aux autorités. 

 

 

Des actions à grande échelle ? Un début d’organisation ?

La manifestation du 11 Novembre 1940 est un des événements qui marquent une transition du simple refus à la résistance organisée. Quelques jours auparavant, un trac circule : « Le 11 Novembre 1918 fut le jour d’une grande victoire, le 11 Novembre, 1940 sera le signal d’une plus grande encore. Tous les étudiants sont solidaires pour que vive la France...Recopie ces lignes et diffuses-les ».

Bravant les interdictions, un cortège de plusieurs centaines d’étudiants et de lycéens se rend sur les Champs-Élysées, vers l’Arc de Triomphe pour se recueillir sur la tombe du soldat inconnu. Des drapeaux tricolores, des bouquets déposés…La Marseillaise est chantée. « A bas Hitler ! A bas Pétain », « Vive De Gaulle, vive la France ! ». Mais la répression est immédiate ; une mitrailleuse est mise en batterie, les manifestants sont matraqués. La jeunesse est sous le choc. Elle s’enfuit si elle le peut, ou bien elle est rouée de coups, à terre, ensanglantée, parfois touchée par des balles. Beaucoup de jeunes sont arrêtés et menacés d’être fusillés.

 

Les autorités allemandes ordonnent la fermeture de toutes les institutions universitaires à Paris et le recteur est remplacé par Jérôme Carcopino, collaborationniste.Mais, cette manifestation marque les esprits, marque une jeunesse brisée et meurtrie. De plus, elle marque une étape capitale dans le développement de la Résistance ; pour la première fois, la population représentée par les jeunes, a manifestée en masse.

 

D'autres élans sont aussi notables.

Une histoire particulièrement notable que celle de cinq jeunes français qui ont embarqués pour l'Angleterre en canoë pour rejoindre de Gaulle. Le 16 Septembre 1941 à 21h, Christian et Guy Richard (17 et 15 ans et demi), Reynold Lefebvre (16 ans et demi) et Pierre et J.P. Lavoix (19 et 17 ans), quittent Fort-Mahon (Somme) à bord de deux canoës.

Ils ont minutieusement préparé leur évasion. Le 18 Septembre, à 4h, ils accostent à Eastbourne en Angleterre et sont reçus par Winston Churchill le 22 Septembre 1941. Les quatre plus jeunes suivent l'Ecole des Cadets de la France

Libre et combattent avec les Forces Françaises Libres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                           http://www.france-libre.net

Avant eux, Pierre Vergos, alors élève de première en Bretagne, décide de gagner l'Angleterre le 19 Juin 1940, avant même l'occupation allemande. Il est parmi les premiers « Français Libres » à avoir rejoint de Gaulle. Il écrit à ses parents : « Vous devez vous demander où je suis passé, mais rassure-vous bien vite, car je suis en bonne santé… Nous sommes groupés en escouades d'étudiants ou d'ouvriers pour être répartis plus facilement. Ne vous en faites pas, car j'ai retrouvé des copains du lycée sur le bateau et nous formons une bonne petite équipe. Les beaux-jours reviendront et nous verrons le jour de la victoire finale ». Engagé dans les forces françaises libres (FFL), il se bat en Afrique et au Proche-Orient. En juin 1944, il participe au débarquement de Normandie où il perd la vie. Un exemple d'engagement de la jeunesse qui, refusant l'occupation et la collaboration, décide d'entrer dans les rangs de de Gaulle. 

 

Résistance au lycée

Très rapidement, lorsque la France est occupée, des mouvements et des luttes sont menées dans l'enceinte même des lycées. Les établissements scolaires deviennent des lieux privilégiés de la révolte et du recrutement dans les rangs des Résistants. Si les élèves sont surveillés, certains arrivent tout de même à manœuvrer, dans l'ombre et la discrétion. Ou bien, des mouvements sont lancés à l'initiative même de cette jeunesse. 

 

Pierre Benoît (15ans), Jean Arthus (15ans), Lucien Legros (16ans), Pierre Grelot (17ans) et Jacques Baudry (18ans) sont tous les cinq élèves du Lycée Buffon. Après l'arrestation de leur professeur Burgard, ils décident de manifester le 16 Avril avec une cinquantaine de jeunes : distributions de tracts, chant de la Marseillaise ; on réclame la libération de monsieur Burgard.

 

Après dénonciation, les cinq lycéens sont poursuivis par la Gestapo et la police française. Activement recherchés, ils sont contraints de quitter leurs familles et de rentrer dans la clandestinité. Ils entrent dans la résistance et multiplient actions de sabotage et meurtres d'officiers allemands.

Le 8 février 1943, ils sont tous les cinq exécutés. 

Dernière lettre

 

Mes parents chéris,

Mon frère chéri,

Je vais être fusillé à onze heures avec mes camarades.

Nous allons mourir avec le sourire aux lèvres, car c’est pour le plus bel idéal.

J’ai le sentiment, à cette heure, d’avoir vécu une vie complète...

Vous m’avez fait une jeunesse dorée : je meurs pour la France, donc je ne regrette rien.

Je vous conjure de vivre pour les enfants de Jean. Reconstituez une belle famille.

Jeudi, j’ai reçu votre splendide colis : j’ai. mangé comme un roi.

Pendant ces quatre. mois, j’ai longtemps médité ; mon examen de conscience est positif : 

je suis en tous points satisfait.

 

Bonjour à tous les amis et à tous les parents.

Je vous serre une dernière fois sur mon cœur.

 

Votre fils,

 

Lucien

 

 

En Juin 1941, au lycée Anatole le Braz à Saint-Brieuc, les élèves décident d'attacher un bout de tissu noir à la boutonnière, signe de deuil en ce premier anniversaire de l'honteux armistice. La manifestation se rend ensuite en ville où plusieurs jeunes filles sont interpellées. Ce lycée a donné de jeunes résistants. Dix-huit élèves-maîtres et lycéens sont arrêtés. Y Salaun, Georges Geffroy et P. Le Cornec sont transférés à la prison de Fresnes où ils sont torturés par la Gestapo, puis fusillés. Tous les autres sont déportés ; cinq sont exterminés dans les camps de concentration. Le lycée est décoré en 1948 de la croix de guerre. 

 

D'autres s'illustrent seuls, comme Simone Villa, jeune lycéenne à Carcassonne. Dès 1939, elle soutient et aide les réfugiés espagnols au camp de Bram dans l'Aude. Lorsque son frère est arrêté, Simone décide d'entrer dans la Résistance. Elle écrit des petits tracts pour les communistes qui sont distribués dans Carcassonne. Elle en distribue elle-même dans son établissement scolaire. Elle assure aussi des missions de transports d'armes et de liaison. C'est au cours de l'une d'elles qu'elle rencontre son futur mari Lucien Villa. Simone Villa est arrêtée en Septembre 1943 avec sa mère et toutes deux sont incarcérées à la prison de Limoux. Le 11 Juillet 1944, le maquis FTP Gabriel Péri organise la libération de la prison. 

 

Nous pouvons aussi citer Pierre Roland Pic, élève au lycée Lamartine à Mâcon. Il entre dans le groupe de Résistance Gaulliste du lycée en 1940. Leur devise : « sans repos, sans pitié, sans remords ». Leur groupement est armé et Roland se propose de les cacher (plus de 3000 cartouches, des fusils, des carabines et des revolvers). Il participe à de nombreuses actions : hébergement et regroupement de soldats anglais, sabotage de canons, formation des filiales gaullistes dans diverses écoles, impression et distribution de tracts… Mais le 3 Juin 1941, son groupe est dénoncé et Roland se retrouve incarcéré à la prison militaire de Montluc à Lyon. Il est jugé le 21 Octobre 1941 et et condamné à 3 mois avec sursis. En Juin 1943, Roland entre au maquis de Beaubery en Saone et Loire pour échapper au STO (Service de Travail Obligatoire). Il devient un vrai soldat de la France Combattante et se battre contre les allemands à visage découvert en première ligne.

Le 11 Novembre 1943, il participe à la défense du Maquis attaqué par les allemands et tue un soldat allemand pour sauver son chef. En 1944, il intègre le réseau Marco Polo (le même que celui de René Gosse). Il est arrêté le 25 Mai 1944 à Mâcon et déporté au camp de Neuen Gamme sous le matricule 37007. Il meurt fin mai 1945 à Rotenburg. 

Les mouvements de jeunesse

                                  

    

Les jeunes ne sont pas présents uniquement dans les réseaux, ils font aussi partie de mouvements : FUJ (Forces Unies de la Jeunesse) et FPJ (Front Patriotique des Jeunes) fusionnés en FUJP (Forces Unies de la Jeunesse Patriotique) mais aussi des gaullistes, socialistes, catholiques, juifs, scouts… L'entrée du PCF (Parti Communiste Français) dans la résistance vient gonfler considérablement les rangs de la Résistance.  

 

Jeunesse communiste 

 

Les communistes jouent un rôle majeur au cours de la Résistance et donnent beaucoup de vies (près de 70 000 morts). Les jeunes sont très présent dans ces mouvements. 

 

Guy Môquet, est un de ceux-là. Après l'arrestation de son père, il s'engage avec ardeur dans la Résistance. Il organises des distributions de tracts du PCF, demandant la libération de son père :

«  Châtiment pour les responsables de la guerre ! Liberté pour les défenseurs de la paix ! Libérez Prosper Môquet. Député des Épinettes » ou encore des slogans « À bas la dictature de Laval »,  « Il faut un gouvernement du peuple »… 

Guy Môquet est arrêté le 13 Novembre 1940, alors âgé de 16 ans. Il n'avoue pas les faits mais est malgré tout transféré au camp de Choisel à Châteaubriant, où sont détenus d'autres militants communistes.

Le 20 Octobre 1941, Karl Hotz, commandant de haut-grade, est abattu à Nantes par un commando de trois communistes. A la suite de cet acte, quarante-huit otages sont fusillés : seize à Nantes, cinq au fort du Mont-Valérien et vingt-sept à Châteaubriant, dont Guy Môquet. La majorité d'entre eux sont des communistes ou des syndicalistes. 

Avant son exécution du 22 Octobre 1941, il écrit une lettre d'adieu à ses parents qui deviendra célèbre par la suite, tout comme le nom de Guy Môquet. 

Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé,

 

Je vais mourir! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, 

c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. 

Certes, j’aurais voulu vivre. 

Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c’est que ma mort serve à quelque chose. 

Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. 

J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas!

 

J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui,

 je l’escompte, sera fier de les porter un jour. 

A toi petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines,

 je te salue une dernière fois.

 Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée.

 

Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j’aime beaucoup. 

Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme.

 

17 ans et demi, ma vie a été courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous.

 Je vais mourir avec Tintin, Michels.

 Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes,

 c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine.

 

Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman,

 Serge, papa, je vous embrasse de tout mon coeur d’enfant. Courage! 

 

Votre Guy qui vous aime

 

    

Plus tard, en Franche-Comté, un groupe de résistants a pris le nom de « Guy Môquet », en hommage au garçon. Parmi eux, Henri Fertet, 17 ans, responsable de la Jeunesse ouvrière catholique du Doubs. 

 

Jeunesse catholique 

     Les Mouvements de Jeunesse Scouts ou Confessionnels sont interdits en Zone Nord par le gouvernement de Vichy. En Zone Sud, six associations constituent « Le Scoutisme Français » et les Mouvements d'Action Catholique furent regroupés sous l'ACJF.  Leur activité essentielle est l'organisation de rencontres de travail entre jeunes catholiques de formation universitaire et des jeunes travailleurs. C'est à Brives, sous la direction d'Edmond Michelet, futur ministre du Général de Gaulle, qu'est distribué le 17 Juin 40 l'un des premiers appels à la Résistance. 

 

Ce tract datant de 1943, provient de l'Action Catholique de la

Jeunesse Francaise, dont l'un des principaux animateurs

est Gilbert Dru. Etudiant lyonnais, militant chrétien,

il est exécuté en 1944 sur la place Bellecour de Lyon

avec d'autres jeunes camarades.

Ce tract appelle les jeunes catholiques à résister en venant

gonfler les rangs de la Résistance. « La jeunesse catholique

constitue une force immense. Elle est partout :

à l'usine, au bureau, à l'école, aux champs

, à l'Université. »

« Elle est profondément patriote. Elle croit que la

cause de la France et de ses Alliés est juste. Elle

n'a pas oublié la condamnation toujours valable portée par

le Pape Pie XI contre le nazisme. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.memoire14-45.eu

 

Les juifs

   L'Armée Juive (AJ) est un des réseaux créés par les juifs dans le but de résister à l'ennemi. Premières victimes de la politique vichyste, de nombreux juifs entrent dans la Résistance. 


La Main d’Œuvre Immigré (MOI), secteur du PCF, regroupe des jeunes résistants d'origine étrangère. Quelques temps avant l'entrée des armées allemandes dans la Zone Sud, la branche juive de la MOI se réunit et s'unit, malgré les opinions politiques, pour agir contre l'occupant. Ils créent des groupes FTP MOI qui donnent naissance à de célèbres mouvements comme Liberté à Grenoble ou encore Carmagnole à Lyon. Ces jeunes prennent les armes et se battent en première ligne contre les allemands. L'EEIF MOI est aussi créée avec comme activité essentielle les missions de sauvetage. 


  D'autres mouvements peuvent être cités comme par exemple les Eclaireurs israélites de France dont Marianne Cohn faisait partie. Marianne Cohn est une figure emblématique de la jeunesse juive résistante. Torturée, elle ne révèle jamais son activité en tant que résistante. Son poème Je Trahirai Demain est un héritage poignant. Cette jeune résistance est décorée à titre posthume de la Croix de Guerre.

 

« Je trahirai demain »

 

Je trahirai demain pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,

Je ne trahirai pas.

 

Vous ne savez pas le bout de mon courage.

Moi je sais.

Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.

Vous avez aux pieds des chaussures

Avec des clous.

 

Je trahirai demain, pas aujourd’hui,

Demain.

Il me faut la nuit pour me résoudre,

Il ne faut pas moins d’une nuit

Pour renier, pour abjurer, pour trahir.

 

Pour renier mes amis,

Pour abjurer le pain et le vin,

Pour trahir la vie,

Pour mourir.

 

Je trahirai demain, pas aujourd’hui.

La lime est sous le carreau,

La lime n’est pas pour le barreau,

La lime n’est pas pour le bourreau,

La lime est pour mon poignet.

 

Aujourd’hui je n’ai rien à dire,

 

 

Marianne Cohn, 1943

Résistance au lycée
Les mouvements de jeunesse
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