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La femme engagée

Si nous avons souhaité faire une partie sur les femmes et une autre partie, séparée, sur les hommes c'est parce qu'il a subsisté pendant la Seconde Guerre Mondiale, une différence entre les rôles tenus par les femmes et ceux tenus par les hommes. Ainsi, il nous semblait important d'exprimer clairement dans une partie qui leur serait entièrement destinée, l'engagement de ces "combattantes de l'ombre"

Durant la guerre et l’occupation, les femmes ont assumé leurs tâches habituelles tout en remplaçant les hommes partis combattre au front. Elles ont aussi, tout comme les hommes, pris une part active aux luttes contre l’occupant. Au départ, les motivations qui ont poussé les femmes à s’opposer à l’occupation ont pu être diverses mais leur but était le même : chasser l’occupant nazi afin de rétablir la paix et ainsi refuser la servitude Ce fut des femmes de tout âges, qui ont lutter pour la survie de la nation et la liberté de chacun.

Pour cela, elles ont hébergé les clandestins, caché des soldats alliés, servi de boîte aux lettres, participé à des réseaux de renseignements, servi d’agents de liaison, transporté des journaux clandestins et des armes, fabriqué des explosifs et ont même pris les armes. Mais elles furent elles aussi arrêtées, torturées, déportées, exécutées. Cependant elles restèrent muettes, sans confidence pour le bourreau.

 

« Battues, méprisées, toutes seules devant la souffrance et la mort, si notre martyrologe est long, nous savons, nous, femmes de France, nous qui connaissons le prix de la vie, qu’il faut nos pleurs, nos souffrances et notre sang pour que naisse le beau monde de demain. », Lucie Aubrac à l’émission de la BBC « Honneur et Patrie », le 20 avril 1944

Les manifestations de ménagères

MANIF MENAGE

Les femmes sont très nombreuses, dès l’automne 1940, à manifester dans les rues de France à cause de la pénurie alimentaire imposées par le régime de Vichy dès le printemps. C’est ainsi qu’ à la lecture des rapports de préfets, de police et de gendarmerie, l’on remarque que la détresse la plus importante des ménagères provient de l’impossibilité de protéger au mieux leurs enfants.

Deux extraits de rapports de la police parisienne datés du 12 et 14 juin 1941, sont à ce sujet très éloquent. Le premier révèle que « les mères de famille voient arriver avec angoisse le jour où leurs enfants seront anémiés ou malades par suite d’une alimentation insuffisante. »

Le second rapport mentionne que « de nombreuses personnes, notamment les enfants ou adolescents, sont sous alimentés. Cette semaine, deux femmes ont abandonné leur enfant, âgé l’un de sept mois, l’autre de deux mois. »

Il devient donc important pour ces femmes d’agir ! Pour cela elles prennent la parole en public afin de montrer leur mécontentement face aux nouvelles mesures qui rendent leur vie et celle de leur famille de plus en plus insupportables. Par ailleurs, elles n’hésitent pas à se rendre dans les mairies et les préfectures, afin de demander directement le déblocage des stocks de denrées.

 

Ainsi, ces révoltes se traduisent par la création de comités populaires féminins, souvent organisées sous l’impulsions des militantes communistes. Au début elles ont souvent gain de cause. Mais dès l’hiver 1941-1942, Vichy prend des mesures punitives : les arrestations et les internements se multiplient. Cependant, l’implication des femmes dans les manifestations de ménagères va pour certaines d’entre elles représenter un véritable tremplin pour intégrer la Résistance.

Marie-Madeleine
Fourcade

Engagée dès début Juin 1940.

Elle devient à partir de Mai 1941, chef du réseau Alliance pendant 31 mois dans la zone occupée.

Source : Les-sanglots-longs-des-violons.eklablog.com
LES DEMOISELLES DE GAULLE

Les Demoiselles de Gaulle​

Dirigée par l'ancienne championne de tennis Simone Mathieu, cette division militaire compte dans ses débuts près d'une centaine de volontaires féminines. Elles viennent de toute la France, sont institutrices, étudiantes, employées, femmes de chambre... Ces femmes désirent servir leur patrie et participer à sa libération au côté de l'Angleterre. 

A partir de 1942, les engagements féminins s'étendent à l'Afrique du Nord, à la Nouvelle Calédonie, à Haïti mais aussi à l'Amérique du Nord et du Sud.  L’armée française est probablement la seule à employer des femmes mêlées aux forces combattantes. Ainsi en 1944 plus de 3 000 femmes constituent ce corps de l’armée française  qui nécessite un commandement féminin aux côtés de l’autorité militaire : le commandant Hélène Terré, les capitaines Dupont et Dumesnil sont affectées au commandement des Volontaires féminines de terre, de mer et de l’air.

 

En créant et en rattachant le CVF au FFL le Général de Gaulle souhaitait éviter que les femmes ne s’engagent dans la branche féminine de l’armée britannique, l’Auxiliary Territorial Service en l’absence d’une structure nationale de ce type en France. Néanmoins elles en reçurent les instructions et le soutien logistique.

Le Général De Gaulle signe l'acte officiel de création d'une section baptisée "Corps féminin des FFL"

 7
Novembre
1941
Tereska Torrés

Elle fut l'une des premières femmes à s'engager dans les FFL. Elle occupa le poste de secrétaire archiviste au bureau de la Propagande et des affaires extérieures.

Les débuts de la vie militaire

 

Les femmes qui entrent dans ce corps de l'armée française qui leur est entièrement réservé, sont soumis dans un premier temps à des examens d'aptitudes physiques afin de savoir dans quels postes elles seront affectées. Puis elles suivent un entraînement intensif qui leur sera indispensable pour remplir leurs missions.

Leurs missions

Les femmes de cette section sont affectées dans différents postes afin de libérer le maximum d’hommes qui peuvent de ce fait aller combattre au front. Ainsi elles s’occupent des opérations des batteries de DCA (Défense Contre les Avions ennemis), du repérages des avions ennemis. Elles sont secrétaires, chauffeuses de camions, d’autobus, pilotes ou mécaniciennes, infirmière ou professeures… Par ailleurs, de nombreuses volontaires féminines furent employées pour décrypter des messages provenant de la France occupée. D’autres encore furent agents secrets et postulèrent pour être parachutées en France. De plus en plus d’états majors font appelles à elles.

Ces femmes ont su se rendre indispensables et sont devenues irremplaçables dans les Forces Françaises Libres.

 "On a peu parlé des Volontaires Françaises de la France Libre - La France Combattante - sans doute pour plusieurs raisons dont la principales pourrait être que le Corps des Volontaires Françaises était partie intégrante de l'armée et que nous autres, femmes servions au même titre que les hommes ; il n'y avait donc pas lieu  de nous traiter à part. Aussi, il faut bien le dire, les Volontaires Françaises avaient le souci de rester modestes afin que leur présence dans l'armée ne fût jamais contestée. [...] Elles ont joyeusement revendiqué leur part d'héroïsme et la mort ne les a pas épargnées."

Hélène Terré, "Les Volontaires Françaises à Londres", Revue de la France Libre, 1970

contre propagande

La contre propagande

La presse féminine

Destinée aux femmes, parfois écrite par elles, les revendications que l’on trouve dans la presse clandestine dite « féminine » sont avant tout de l’ordre domestique : manifestations contre les pénuries, la hausse des prix de la nourriture ou pour la libération des prisonniers de guerres.

"La Franc Comtoise"

Écrit par des comités féminins issus du mouvement ouvrier régional, le premier numéro de La Franc Comtoise est édité à Belfort le 7 août 1942. Dans cet appel lancé aux femmes de Franche-Comté, on trouve dès l'en-tête des revendications "pour le retour des prisonniers, pour la vie de nos gosses, pour la victoire finale en 1942 : femmes, vite à l'action !"

De l'élaboration à la diffusion des grands journaux de la Résistance

On retrouve les femmes tout au long de la chaîne de production du journal ; de la rédaction à la diffusion en passant par l’impression. Certaines occupaient des postes clés dans l’organisation de journaux nationaux et encouraient des risques majeurs en étant co-fondatrice, rédactrice en chef ou encore responsables de la diffusion.

"Combat"

Crée en 1941 à Lyon, Combat est le journal clandestin le plus diffusé. Organe du Mouvement de libération française fondé par Henry Frenay. Bertie Albrecht fut l'une des principales figures  à la tête du mouvement. Parmi d'autres actions elle recueillit les fonds nécessaires au lancement du journal et se chargea de trouver un imprimeur acceptant de travailler pour la Résistance, assurant ainsi une plus large diffusion du journal qui tira jusqu'à 300 000 exemplaires en 1944.

"Libération"

Issus du Mouvement de libération national "Libération Sud", le journal a été fondé pendant l'été 1941 par Emmanuel d'Astier de La Vigerie, Raymond et Lucie Aubrac. Présente dès la naissance du mouvement, Lucie Aubrac se chargera essentiellement de la fabrication et de la diffusion du journal qui passera de 15 000 à 145 000 exemplaires de 1941-1943. Son action dans la Résistance fut considérable. Elle organisa notamment l'évasion de Raymond Aubrac à deux reprises.

"Défense de la France"

 

Lancé par Philippe et Hélène Viannay, le premier numéro de Défense de la France, organe du mouvement éponyme de centre gauche, paraît en zone Nord le 15 août 1941. Environ un tiers des femmes participant au journal étaient des femmes. Hélène Viannay, co-fondatrice, sera également responsable de la diffusion et du recrutement des résistants. "Gallia" alias Genevièvre de Gaulle fera partie du comité rédacteur.

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